Marie-Monique Steckel, née Pflaum, a été promue au grade d'officier de la Légion d'honneur au 1er janvier 2022, l'occasion de revenir sur son parcours de Fulbrighter. Son séjour aux États-Unis comme Fulbright advanced student à Yale en 1960 a été déterminant dans son parcours de vie. Elle a notamment dirigé la French Institute-Alliance Française de New York pendant 17 ans. Rejointe par la Commission franco-américaine, elle nous livre son témoignage d'une alumna d'exception:
Effectivement, c’est avec énormément de reconnaissance que je voudrais remercier la Commission Fulbright, qui, avec sa bourse, m’a donné la possibilité d’aller – en septembre 1960 – étudier à Yale University, New Haven.
Étant élève de Sciences Po Paris, j’ai ainsi pu compléter mon parcours universitaire avec des études d’économie monétaire et de sciences politiques, auprès de professeurs émérites qui m’ont ouvert l’esprit sur de nouveaux et passionnants horizons.
J’ai découvert, grâce à cette expérience universitaire américaine, tellement différente de l’expérience française, une autre manière d’entrer en relation et de dialoguer avec le corps professoral. Ainsi, par exemple Georges Kennan, grand politologue spécialiste de l’URSS – qui enseignait à Yale cette année-là – et dont je suivais le cours sur la politique de l’Union Soviétique, m’a invitée à déjeuner à Princeton ! Et nous avons eu de passionnantes conversations …
Il est très certain que Yale – et la rencontre d’un jeune élève de l’école de Droit – ont changé le cours de ma vie de manière radicale, puisqu’en 1962, j’ai épousé Raymond Steckel.. Ayant une bourse Fulbright, j’ai dû par la suite passer deux ans à Paris, ce qui a forcé mon jeune mari à apprendre le français à l’Alliance Française, en attendant que j’obtienne un visa pour retourner aux États-Unis..
Cette contrainte temporelle liée au délai d’obtention des Visas a également été un bienfait, puisque mon époux a pu ainsi apprécier la langue et la culture française. Nous avons ainsi eu le bonheur d’élever des enfants bilingues.
À New York depuis 1964, après un léger parcours avec une société de marketing américaine, j’ai vite ressenti un désir profond de construire des ponts entre la France et les États-Unis. Ceci est devenu le fil rouge de mon parcours et ce que je considère comme la mission de ma vie.
Depuis 1970, et pendant près de 60 ans de vie new-yorkaise, j’ai donc œuvré pour maintenir ce lien avec France, ce dialogue franco-américain qui a commencé grâce à la formation biculturelle que m’a offert Fulbright.